PHOTOGRAPHIER, FAIRE DE L'IMAGE
La photographie est diversifiée mais cette diversification ne doit pas être la raison de clivages entre différents aspects dits « créatifs » ou « non créatifs ». Le sujet, la technique ne sont que des moyens mis à disposition pour créer du Visuel.
Une image n’existe qu’à travers celui qui la regarde. Il y a la Perception et la Résonance intérieure chez le photographe, prolongés par la Perception et la Résonance intérieure de celui qui la regarde : deux formes de créativité qui se succèdent et font l’œuvre.
Jean-Paul BERGER
Paris, Photofolie, 1993
REPORTAGE
Le reportage est l’enregistrement d'une organisation fugitive de l'espace lorsque celui-ci devient une scène sur laquelle évoluent des êtres qui, pour un instant, sont acteurs et danseurs, moment où la coordination du geste devient parfaite.
Le photographe est témoin mais il appartient aussi physiquement à la scène, il intervient par sa présence et son déplacement.
Mécaniquement, l'appareil photographique est la continuité de la main qui le commande et avec la mémoire de l’œil, les mouvements de l'appareil deviennent automatiques, de la m^me manière que les doigts de la main savent reconnaître les touches d'un clavier. L’appareil photographique n'a plus besoin de la proximité de l’œil. Alors l'œil est libre et la relation photographe-photographié est directe sans pour autant compromettre le cadrage et la composition de l'image.
L'appareil photographique peut devenir un passeport permettant au photographe d'être là où il n'avait aucune raison d'être. On pourra dire qu'il facilite le voyeurisme, peut être parfois le permet-il ?
De cette ambiguïté du rôle de l'appareil et du photographe en reportage, naît la possibilité d'une imbrication de la photographie de reportage et de la créativité.
L'image ne restitue pas le Réel, mais utilise le réel pour montrer une organisation parfaite de l'espace et des acteurs de cet espace dans un moment significatif.
Jean-Paul BERGER
Paris, Photofolie, 1993